L’épigénétique est une nouvelle branche de la biologie qui
s’intéresse aux changements d’expression des gènes transmissibles au
travers des divisions cellulaires, voire des générations, indépendamment
de tout changement de la séquence ADN. Une équipe dirigée par Vincent
Colot, en collaboration avec deux équipes de l’INRA, a créé il y a
plusieurs années une population unique de lignées dites « epiRILs » (epigenetic recombinant inbred lines)
chez la plante modèle Arabidopsis. Ces lignées possèdent toutes un même
génome ou presque, mais présentent de très nombreuses différences
d’ordre épigénétique tout au long de celui-ci. De fait, de très
nombreuses régions du génome peuvent exister dans l’un ou l’autre de
deux états stables, méthylé ou non méthylé[1].
Récemment l’équipe de Vincent Colot s’est notamment associée à des
chercheurs du CNRS, de l’ENS de l’Inserm et du Génoscope (CEA-IG/Evry)
et apporte aujourd’hui la preuve qu’un petit nombre des variations
épigénétiques entre lignées sont à elles seules responsables de plus de
90% des différences héritables mesurées entre elles pour deux caractères
complexes, le temps à la floraison et la taille de la racine primaire.
[1] La méthylation de l’ADN est une marque épigénétique parce qu’elle est une modification stable qui laisse inchangée la séquence de l’ADN.
De plus, les chercheurs montrent que certaines de ces variations
épigénétiques sont également retrouvées dans les populations naturelles
d’Arabidopsis. Ces observations remettent donc en cause le dogme selon
lequel les différences génétiques entre individus sont à rechercher dans
la seule séquence de leur génome. De fait, elles apportent un possible
élément de réponse au problème de « l’héritabilité manquante » auquel
sont confrontées la plupart des analyses de génétique humaine fondées
sur l’identification systématique des variations de la séquence ADN
entre individus.